Sur les chemins philbertins, un itinéraire de découvertes

Ce circuit du patrimoine dans le bourg de Saint-Philbert-de-Bouaine est une initiative portée par l’association locale Bouaine Patrimoine. Il a été réalisé par la municipalité  et ainsi mis à disposition  de tous les publics.

Natifs de la commune, résidents anciens ou nouveaux, visiteurs d’un jour, tous trouveront de l’intérêt à suivre ce parcours en lisant les 18 panneaux qui jalonnent les 5 km du tracé, en scannant les QR codes associés qui ouvrent plus de documentation, et en prenant connaissance des informations qui vont suivre.

Née en 1996, Bouaine Patrimoine veut faire vivre l’histoire du territoire tout en préservant et valorisant les éléments patrimoniaux conservés. Pour ce projet, l’association a bénéficié de l’aide des habitants  pour collecter des photos et des témoignages. Par ce travail, elle espère diffuser largement la mémoire locale et faire connaître les legs des générations et des siècles antérieurs. Si notre patrimoine ne brille pas par des châteaux, il est riche d’un héritage abondant laissé par les femmes et les hommes qui ont vécu en ces lieux.

 

La documentation générale du circuit

Le parcours est ouvert à tous. Néanmoins, il peut présenter quelques difficultés pour les personnes à mobilité réduite et la circulation des poussettes et des fauteuils. A chaque fois, elles peuvent être contournées ou, pour le moins, soumises à une certaine prudence.

Quelques portions du parcours s’accomplissent dans des chemins herbeux ou pentus qui peuvent nécessiter de la vigilance. D’autres empruntent des rues où la faible largeur des trottoirs impose de partager avec la circulation automobile. L’escalier pour passer du bord de la rivière à la voie supérieure du pont est un véritable handicap, mais une déviation remédie à ce blocage.
Le circuit optionnel pour atteindre la Grotte de Landefrère emprunte des sentiers pédestres et une passerelle de petite largeur. Un déplacement par la route de Vieillevigne peut se substituer à cette balade champêtre.

Ainsi préparé, il ne vous reste plus que les plaisirs des découvertes.

La commune de Saint-Philbert-de-Bouaine est à l’intersection du Pays de Retz, du Vignoble Sèvre-et-Maine et du Nord-Vendée. Cela lui procure une identité propre, cumulant les influences de la Loire, de l’Océan Atlantique et des collines vendéennes. Cette singularité est une ouverture aux différents environnements.

Les cercles concentriques autour de Saint-Philbert-de-Bouaine montrent les diverses proximités : l’agglomération de Nantes au Nord, celle de La Roche-sur-Yon au Sud, le littoral à l’Ouest, le Haut-Bocage à l’Est.

Le développement du bourg

Le premier plan a été établi avec la nouvelle administration communale après la Révolution. Les habitations sont concentrées à l’Ouest de la rivière de l’Isoire. Les voies de communication vers les communes voisines de Saint-Colombin, de Vieillevigne, de Rocheservière et de Saint-Étienne de Corcoué étaient déjà en place. La singularité est le chemin de Nantes qui empruntait le chemin vers Pont-James pour rejoindre la liaison principale entre Nantes et Les Sables-d’Olonne.

Notez l’emplacement de l’église, identique à aujourd’hui, ceux de la cure et du cimetière qui ont évolué.

Cent cinquante ans plus tard, le bourg a pris peu d’extension. Le changement le plus notable est la nouvelle voie créée vers le Nord en direction de Nantes. Née en 1839 pour réaliser la liaison entre les préfectures de Nantes et de La Roche-sur-Yon, cette route a donné naissance au pont sur la rivière de l’Isoire.

1961 – Autour du bourg

1961 – Le bourg

 

Le bourg en 2022 En jaune les limites de 1961 En rouge les limites de 1837

 

Les nouveaux habitants de la ZAC du Fief du Haut-Bourg savent-ils qu’ils ont construit sur la première zone de peuplement connu, dans les derniers siècles avant Jésus-Christ.
Progressivement, les ancêtres se sont déplacés au bord de l’Isoire, à l’intersection des chemins de Rocheservière, de Saint-Colombin et de Vieillevigne pour y établir le bourg. Au nord, c’était un territoire vide de population, couvert de landes et de bois jusqu’au début du XIXème siècle. Nommé « Les Landes », il a servi de cachettes à l’armée de Charette pendant les Guerres de Vendée.

Le premier plan cadastral de 1837 montre que la partie Nord de la commune est très peu peuplée, voir vide au Nord Est.

En raison de ce « no man’s land » naturel, la Bretagne y fixa sa frontière avec le Poitou, les « Marches pictavo-bretonnes », « avantagères au Poitou ». Cet espace fit la fortune des contrebandiers qui jouèrent avec les différences d’imposition sur les denrées entre les deux provinces.

 

A l’avènement de la Première République et des départements, les limites furent remodelées pour simplifier les tracés. Ainsi, Saint-Étienne de Corcoué passa en Loire-Inférieure. Cugand devint vendéen, Vieillevigne fut partagé pour créer Saint-André-Treize-Voies. Cependant, Saint-Philbert de Bouaine ne fut pas rattaché à la Loire-Inférieure, créant ce long appendice s’approchant à une vingtaine de kilomètres de Nantes.

Grâce à cette situation, la population présente une mixité entre ces voisinages divers que l’on peut qualifier de richesse.

Saint-Philbert-de-Bouaine au carrefour de 3 communautés de communes en Loire-Atlantique et très proche de la Métropole de Nantes

Saint-Philbert-de-Bouaine, un cap vendéen

Saint-Philbert-de-Bouaine, membre de la communauté Terres de Montaigu

Les symboles de la Vendée et de la Bretagne associés sur le granite

Le nom de Saint-Philbert-de-Bouaine, l’ancienne paroisse devenue commune, associe   un saint patron et une définition du terroir.

Au VIIème siècle, Saint-Philbert fonda un monastère dans l’île de Noirmoutier : de nombreux moines venus de Jumièges formèrent la première communauté. Il gouverna en paix son monastère, tout en aidant dans leur développement les fondations de Luçon et de Saint-Michel-en-l’Herm ; il mourut au milieu de ses moines le 20 août 685. En raison des incursions de plus en plus fréquentes des Normands dans l’île, les moines de Noirmoutier transportent, en 836, dans leur église d’Ampennum (Beauvoir sur Mer),  puis dans leur église de Déas (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu) le sarcophage contenant les restes de leur fondateur. En 858 ils abandonnèrent le lourd sarcophage dans l’abbatiale de Déas où il se trouve encore, et emportèrent les reliques successivement à Cunault, à Messay, à Saint-Pourçain-sur-Sioule et enfin à Tournus où elles sont encore aujourd’hui conservées.  Un très petit fragment des reliques de Saint-Philbert est conservé dans un reliquaire dans l’église où un vitrail du chœur le représente.

Pour l’origine du nom « Bouaine », plusieurs propositions existent. Pour les principales, l’une est d’origine poitevine signifiant « boue », et « beven » d’origine celtique signifiant « limite ».

Les habitants sont nommés « philbertins/philbertines » en français, « bouénous/ bouénouses » dans le patois local.

La paroisse de Saint-Philbert de Bouaine eut un statut subalterne dans la société féodale. Elle appartenait aux seigneuries de Rocheservière ou de Montaigu. Elle ne comptait guère de domaines nobles : le château de la Ruffelière qui appartint un temps à la famille De Goulaine (XVème au XVIIème siècle), le château de la Sècherie dont les occupants tentèrent maintes fois de s’approprier les Landes. Les Colonnes Infernales traversèrent le territoire en février et mars 1794, tuant la population découverte par les soldats républicains.
Au XIXème siècle, les classes sociales étant moins marquées, un parti républicain put s’installer dans la commune et disputer une place face aux nostalgiques de la royauté.


Il résulte de l’histoire de Saint-Philbert de Bouaine que le patrimoine du bâti ancien ne compte pas de riches demeures seigneuriales et guère de maisons bourgeoises du XIXème siècle. Les découvertes s’offrent principalement dans les éléments hérités de l’artisanat, du monde agricole et du culte catholique. La réalisation du cimetière à la fin du XIXème siècle ayant été confié à un architecte, il est devenu une construction remarquable unique en Vendée.

Les autres patrimoines à découvrir appartiennent à la tradition orale, à la richesse botanique, aux paysages, à des réalisations artistiques, à des lieux chargés d’histoire, à des manifestations passées, à la connaissance de personnalités nées dans la commune… Le trésor est une croix processionnelle du XVIème dont l’origine de propriété n’est pas connue.

Aujourd’hui, l’intérêt pour le langage de nos ancêtres renaît. Hélas, il reste peu de locuteurs. Dans le courant du XXème siècle, la honte a été jetée sur eux, décourageant les jeunes d’en conserver la pratique. Le langage local était qualifié de patois.

Quel langage était parlé et compris dans la commune ? Le poitevin est une langue d’oïl de la famille des langues romanes. Il est parlé dans l’ancienne province du Poitou, le nord de l’Aunis et quelques autres secteurs limitrophes comme le sud de la Loire-Atlantique et le Choletais.

Le gallo est  aussi une langue d’oïl, de la Haute-Bretagne. Il est traditionnellement parlé en Ille-et-Vilaine, dans la Loire-Atlantique et dans l’est du Morbihan et des Côtes-d’Armor.

Ainsi les habitants de Saint-Philbert-de-Bouaine pratiquaient couramment le poitevin et avaient une bonne compréhension du gallo voisin. Ce patrimoine a quasiment disparu mais le renouveau des langues régionales ne pourrait-il pas le faire renaître ?

« A vos autres qui veulez vos peurmeuner par nos rues, ye vos souhaite du piaisi’. Zieuter bé partout, totes les piaces, por pouet rater dos affaires. Tié triste que le faisant pouet bouère do baco quand le parlant de la veugne.
Le vos faudra bé une rabinaïe sans rousiner. Bonjourer le monde et les marcouts. A bétôt. »

 

Bouaine Patrimoine, Jean-Pierre Morisseau

Un circuit du patrimoine, plusieurs communes s’en sont dotées. J’ai pris plaisir à en suivre quelques-uns. De là, j’ai songé à imaginer ce qu’il pourrait être à Saint-Philbert-de-Bouaine.

Membre de l’association Bouaine Patrimoine, j’ai acquis au fil du temps des connaissances sur l’histoire et les patrimoines de la commune. De plus, ayant vécu mon enfance en cet endroit, j’ai quelques souvenirs et ai reçu des témoignages des habitants du début du vingtième siècle.

Afin d’établir un parcours, j’ai préparé un plan de l’agglomération et j’ai porté sur celui-ci tous les lieux possédant un intérêt. Avec cet état, j’ai relié le maximum de points. J’ai dû délaisser avec regret quelques éléments isolés ; ils n’échapperont pas aux curieux qui se promèneront sans but. Ceci fait, j’ai commencé à documenter  le tracé.

J’ai partagé mon projet avec des membres de Bouaine Patrimoine. C’est ainsi que l’information est parvenue à la municipalité qui était en quête d’une action promotionnelle. Elle m’a encouragé à développer ce chantier. C’était un changement d’échelle qui impliquait beaucoup plus de travaux de recherche, pour des photos, pour des documents, pour des témoignages…   A ce que j’avais prévu pour constituer une étude portée sur un support numérique se sont ajoutés des panneaux informatifs sur le terrain. J’ai aimé  m’investir  pour obtenir le meilleur résultat, rencontrer nombre de personnes afin de l’enrichir, jeter un œil neuf pour déceler tous les richesses présentes, approfondir  les différents types de patrimoine (bâti, architecture, nature, valeurs artistiques, traditions, langue et vocabulaire, géologie…).

Maintenant, je souhaite que ce circuit aiguise la curiosité des visiteurs, donne aux philbertins des satisfactions concernant leur lieu de vie, suscite d’autres recherches historiques et sensibilise à la préservation et la valorisation de tous les patrimoines locaux.

Commission Urbanisme, Philippe Michaud

M. le Maire, Francis Breton

© Bouaine Patrimoine
Rédaction : Jean-Pierre Morisseau

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