Le Champ de foire

La place du champ de foire

Cette place est dans le cœur ancien du bourg, proche de l’église. Le cadastre de 1837 témoigne d’un habitat déjà présent, et avec le bâtiment de l’école des filles (partie rose).

Cette place est dans le cœur ancien du bourg, proche de l’église. Le cadastre de 1837 témoigne d’un habitat déjà présent, et avec le bâtiment de l’école des filles (partie rose).

La partie Est du Champ Foire de, à l’arrière des habitations de la Place de l’Église

Vue à partir des jardins de la partie Ouest du Champ de Foire

Le cadastre de 1961 montre peu d’évolutions dans son occupation : quelques habitations supplémentaires, l’usine d’acétylène (partie noire), le hangar de l’alambic (carré gris).

Des arbres remarquables occupaient l’espace du bas, des platanes, pour servir d’attaches aux chevaux ou pour suspendre les tuyaux des sapeurs-pompiers. Les marronniers couvraient de leur ombre les garçons de l’école.

Aujourd’hui, elle est principalement un parking et s’est agrandie en bas avec la construction de pavillons qui remplacent progressivement les jardins potagers en bordure de la rivière de l’Isoire.

Avant sa restructuration en 1997, elle était un lieu d’animation de la vie locale. Comme son nom l’indique, elle accueillait la foire aux bestiaux et le marché mensuel du dernier lundi du mois où les philbertin·e·s trouvaient de quoi se vêtir, se chausser, équiper la maison et la ferme.

Lors de la Fête-Dieu, un reposoir y était élevé pendant que la partie basse de toutes les maisons était recouverte de draps blancs piqués avec des fleurs. Durant la grand-messe, l’assemblée des paroissien·e·s défilait à partir de l’église, dans les rues du bourg, vers les reposoirs. Cette procession se terminait par des enfants jetant des fleurs devant les pieds du prêtre officiant, abrité sous le dais et portant l’ostensoir. Le Saint-Sacrement était déposé sur l’autel au sommet des marches du reposoir.

Le reposoir du Champ de Foire

C’était aussi un endroit de festivités profanes. Jusque dans les années 1960, le Comité des Fêtes y organisait la Fête de Sainte-Jeanne d’Arc à la fin du printemps. C’était l’équivalent du 14 Juillet républicain : feu d’artifice, bal populaire…

Avant que les tracteurs s’imposent, le Champ de Foire se remplissait des chevaux de trait de toute la commune le premier lundi de mars. Leurs propriétaires, sur convocation de la Mutuelle Chevaline créée en 1948, les présentaient  aux experts pour l’estimation de leur valeur. Cette base servait pour assurer les animaux de race chevaline et indemniser les propriétaires en cas de mort par maladie ou accident. Ce grand rassemblement étaient une source d’agitations, aussi bien des humains que des animaux.

Extrait d’un livret d’assuré

Le bâtiment actuel contenant les salles polyvalentes est né au 19ème siècle. Il fut occupé par l’école paroissiale des filles de  1821 à 1826. Acheté par la commune, il est partagé entre la mairie à l’étage et l’école publique pour les garçons au dessous.

Après l’institution de l’enseignement obligatoire par Jules Ferry en 1882, cet ensemble devint un espace d’affrontement politique entre une municipalité majoritairement catholique conservatrice et des enseignants républicains.

L’école comptait  quarante élèves dans deux classes à la rentrée de 1899. Son mobilier comprenait dix tables avec banc, cinq tableaux noirs, deux bureaux et deux chaises. S’ajoutait un logement pour les enseignants. L’école perdit progressivement des élèves et ferma après le départ des réfugiés pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Les services de la mairie déménagèrent en 1953 dans les locaux de la route de Saint-Étienne-de-Corcoué. Les anciennes salles de classe du rez-de-chaussée servirent de lieu de réunions, le reste étant occupé par des logements. La cour de récréation perdit ses vestiges, notamment la clôture et le portail qui la fermaient du reste de la place.

Reconstitution de l’image de la mairie – école

Entrée de la mairie à l’occasion d’un mariage en 1953

Photo de groupe à l’issue d’un double mariage célébré dans la mairie proche (années 1940)
Présence du reposoir en construction et des platanes de la place

L’entreprise TRONICO s’y installa à sa création en 1973 avant que l’usine et les bureaux ne fussent construits.

Le bâtiment en 1973 avec le portique pour le séchage des tuyaux de la caserne des pompiers

LA NOTABILITÉ DE QUELQUES MAIRES

  •  AUGUSTE TOULMOUCHE (1848-1852)

Propriétaire au lieu-dit du Coin-Garat où il venait en résidence, il était d’abord un bourgeois nantais.
Son fils unique Frédéric séjourna dans la commune où il fut recensé.  Après des études au Conservatoire de Paris, ce dernier devint un compositeur spécialisé dans la musique de théâtre avec des opéras-comiques et des opérettes.
Son neveu, aussi nommé Auguste Toulmouche, fut un peintre mondain du Second Empire.
Il est retenu par l’histoire de l’art comme l’un des peintres de la Parisienne : Émile Zola parle des « délicieuses poupées de Toulmouche ».

  • LA DYNASTIE DES HILLÉREAU

La famille Hilléreau a compté quatre générations successives qui ont occupé le poste de maire de la commune :

    •  François Hilléreau ( 1770 – 1833 ), maire de 1830 à 1833 ;
    • Pierre Hilléreau ( 1791 – 1867 ), maire de 1833 à 1848 puis de 1852 à 1867 ;
    • Auguste Hilléreau ( 1840 – 1920 ), maire de 1900 à 1920 ;
    • Auguste Hilléreau ( 1874 – 1925 ), maire de 1920 à 1923.

Signalons le destin particulier de Julien-Marie Hilléreau (1796-1855), fils de François et frère de Pierre. Il fut nommé évêque coadjuteur à Constantinople (Turquie) en 1833, puis archevêque de Petra en 1835.

Il est une utilisatrice de ces locaux municipaux qui y est hébergé depuis un siècle. Il s’agit de la « Fanfare Saint-Philbert ».  Constituée en 1923, elle participe aux animations locales (commémoration de l’Armistice de 1918, défilés des kermesses et fêtes) et est invitée à des animations estivales extérieures. Adolphe Angibaud la dirigea après la Seconde Guerre Mondiale pendant quarante-trois ans. Son activité est complétée par une école de musique.

Menée par la baguette d’Adolphe Angibaud, la fanfare des années 1970

Cet alambic a été acquis par François Perrocheau, tonnelier, en 1919. Il était itinérant pour la fabrication de l’eau de vie. Pendant l’hiver et le début du printemps, le vin et la lie étaient versés dans la chaudière. Un feu de bois était allumé pour les porter à ébullition. L’alcool plus volatile s’évaporait par le chapiteau avant de passer par le col de cygne. En se refroidissant, goutte après goutte, il redevenait liquide avec une concentration, à l’époque, de près de 70 % en volume.

Si l’eau-de-vie était servie dans un petit verre en digestif à la fin du repas, elle avait bien d’autres usages. Elle entrait dans la composition des apéritifs maison fabriqués avec des fruits, pour préparer certaines sauces, pour conserver les préparations en bocaux, pour désinfecter la peau et les plaies des humains comme des animaux…

En 1943, Joseph Hervouet-Baranger en est devenu le propriétaire : « J’ai fait remplacer la grande chaudière en 1945 par une entreprise de Nantes ainsi que le serpentin. Ça m’a coûté très cher… un peu plus de cent mille francs. Le gros robinet en cuivre coûtait à lui seul cinq mille francs… Certaines années, la période de distillation durait quatre à cinq mois. La machine était tractée par un cheval. Je la positionnais à Landefrère et à la Noue-Morin, avant de l’installer dans le Champ de Foire, dans un abri en bois. » Son exploitation n’a plus changé de lieu, dans ce petit hangar proche de l’ancien atelier à acétylène. « En 1954, j’ai vendu cet alambic à Gabriel Bossard. Il a été ensuite acheté par Louis Jolly, le dernier distillateur de la commune. »

Le hangar de l’alambic était aussi un lieu de convivialité très fréquenté. On  venait y goûter la goutte (appellation familière de l’eau-de-vie). Comme il faisait chaud auprès du feu, cela donnait soif.  Les vapeurs d’alcool déliaient les langues et laissaient les visiteurs très fatigués en fin de journée. Heureusement, le cheval connaissait la route pour ramener la charrette et son propriétaire chez lui. L’ambiance était parfois troublée par la visite inopinée d’un contrôleur de l’administration.

Après sa fin d’activité, cet appareil a été « neutralisé » et est devenu, en 1995, une pièce de musée exposée à la Maison de Pays du District du Canton de Rocheservière, à Saint-Sulpice-le-Verdon. Après la fermeture de ce lieu, il a été repris par l’association Bouaine Patrimoine qui l’a rénové et ramené dans le Champ de Foire.

Gabriel Bossard et son alambic

Le principe de cet alambic

Cet appareil avait pour objet de produire de l’eau-de-vie à partir de vin grâce à une distillation permettant de séparer l’alcool plus volatile pour le recueillir en fin de processus. L’alambic se compose de cinq parties. Tout d’abord, la cuve de chauffe renferme le vin à distiller placée directement sur le foyer. La deuxième partie, le chapiteau, est équipée d’un tube conique où les vapeurs s’élèvent. Ensuite, le col de cygne prend la forme d’un tube cylindrique rectiligne qui conduit les vapeurs vers le réchauffe-vin.

Au départ, le vin est versé dans la grande cuve au-dessus du foyer, ainsi que dans le réchauffe-vin. Le foyer est allumé et alimenté de manière à maintenir une température entre 80 et 85° C au niveau du thermomètre du chapiteau. Les vapeurs d’alcool traversent le réchauffe-vin en élevant la température du liquide autour du serpentin. Elles sont ensuite amenées dans la cuve de refroidissement. C’est là que les vapeurs se condensent à l’aide de l’eau fraîche qui circule autour. A la sortie en bas, le degré d’alcool de l’eau de vie est mesuré et doit atteindre au moins 70 % volume.

Au fur et à mesure du processus, le liquide de la cuve de chauffe perd de son alcool. On n’obtient plus qu’une petite eau de vie autour de 50 %. Pour poursuivre l’opération de distillation, le contenu de la cuve de remplissage est vidangé et remplacé par le contenu du préchauffe-vin qui est à nouveau rempli. Et le cycle se poursuit tout en renouvelant régulièrement l’eau de la cuve de refroidissement

La commune de Saint-Philbert de Bouaine s’est dotée d’un corps de sapeurs pompiers en 1923 avec une vingtaine d’hommes. Il a été équipé par la commune de tenues à l’épreuve du feu et d’une pompe à incendie à bras. Le centre est hébergé dans le bâtiment à gauche de la mairie-école.

Une moto-pompe fut acquise en 1948. Il fallut attendre encore quelques années pour que les pompiers disposent d’un véhicule automobile, un fourgon d’occasion qui prit la couleur rouge. Celui-ci était surnommé « kidur », la marque manufacturière de vêtement peinte antérieurement. Le local du Champ de Foire fut abandonné dans les années 1990 pour la nouvelle caserne de la rue du Brennus. Il fut ensuite occupé par le Comité des Fêtes puis par les secouristes de la Protection Civile.

Défilé des pompiers sur le Champ de Foire

 

© Bouaine Patrimoine
Contributions : Guy Airiau, Marcel Bonhomme, Jean-Paul Bossard, Bernard Chauviré,
Nelly Durand, Bernard Josnin, Madeleine Moreau
Rédaction :  Jean-Pierre Morisseau

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