L’église et ses alentours

Le descriptif de ces lieux est scindé en deux parties : l’église puis son environnement.
Le cadastre napoléonien témoigne de l’organisation de l’espace qui a peu changé.
L’édifice religieux était déjà l’élément central, les voies étaient implantées autour de cette construction, la rivière de l’Isoire à proximité.
Isoire ou Issoire ? Le premier terme est attesté sur le cadastre napoléonien et reste dans le langage des anciens.
Mais un fonctionnaire du cadastre qui connaissait la ville d’Issoire a corrigé arbitrairement l’orthographe.

L’ancien édifice construit vers le XIIème-XIIIème ne fut pas épargné pendant les Guerres de Religion du XVIème puis pendant les Guerres de Vendée.

Après le Concordat, une importante restauration permit de la rouvrir au culte. Puis elle devint trop petite. Elle fut donc démolie au milieu du XIXème siècle pour faire place à l’église actuelle. Diverses tempêtes obligèrent cependant à de grosses réparations.

En 1911, la flèche du clocher en bois dut être remplacée par une flèche en pierre de Sireuil en Charente. En 1972, c’est une toiture qui a été rénovée.

Ce qui n’a pas changé, c’est la présence des choucas qui tournent autour du clocher et de sa flèche où ils aiment à nicher.

L’ancienne et la nouvelle flèche du clocher

Le clocher et la flèche furent nettoyés en 2007

Abordons l’église par la façade Ouest. Le grand portail central est surmonté d’un tympan représentant le Christ et les Quatre Évangélistes (Marc, le lion – Luc, le taureau – Matthieu, l’ange – Jean, l’aigle). Au-dessus du portail de droite, vous observez Saint-Philbert, au-dessus du portail de gauche la Vierge et l’Enfant Jésus.

Cette entrée principale était prisée par les enfants du bourg jusqu’aux années 1960. A la sortie des baptêmes, pendant que les cloches sonnaient à toute volée, la famille sortait par cet endroit, le nouveau-né bien emmitouflé. Le parrain se devait de distribuer des dragées aux enfants qui l’entouraient. Mais il le faisait à la volée. Comme une nuée de moineaux, les mômes bondissaient pour les ramasser au sol. Ce n’était pas vraiment hygiénique  mais personne n’a été malade.
A l’occasion des mariages, le don de la famille se faisait avec des pièces de la main à la main exclusivement aux enfants de chœur ; cela suscita des vocations pour cette tache. Pour les sépultures, ils ne recevaient rien, uniquement le bonheur d’échapper à l’école pendant la durée de la cérémonie.

Passons maintenant à l’intérieur du bâtiment. Il est organisé avec une large nef centrale et deux bas-côtés, deux transepts de même taille, un chœur peu profond avec deux sacristies latérales. Au fond, la base du clocher s’ouvre vers l’extérieur par le portail principal, vers l’intérieur dans l’allée centrale où sont apposées les plaques portant les noms des morts de la Première Guerre Mondiale. En s’avançant jusqu’à la croisée des transepts, on peut mesurer les modifications apportées dans les années 1960.

 

Au fond du chœur dont les murs sont recouverts de boiseries, une cellule contient le trésor du lieu, la croix processionnelle du XVIème siècle, derrière un des fonts baptismaux.

 

Autour de la croix processionnelle, de gauche à droite, Maurice Sauvaget, un enfant de chœur et Joseph Lefort sacristain

 

Le transept droit accueille l’autel dédié à Saint-Sébastien, le gauche à Sainte-Jeanne d’Arc. Pour suivre les tableaux du Chemin de croix, empruntez les allées des bas-côtés.

 

La place de l’église

Cette place très pentue a été maintes fois remaniée. Elle était d’abord affectée au négoce. Ainsi s’y déroulait le marché aux volailles ; une bascule servait à la pesée pour finaliser les transactions. Divers commerces ont coexisté dans les bâtiments riverains : tissus, chaussures, coiffure, chapellerie, cordonnerie, charcuterie, boulangerie…

 

Ce lieu vit la naissance de Marcel Brunelière, le 24 octobre 1893. Jeune homme, il était mécanicien en cycle. Il fut combattant de la Première Guerre Mondiale. En 1926, Marcel Brunelière et Eugène Redois s’associaient pour ouvrir à Machecoul un atelier de montage de vélos. Deux ans plus tard, ils créaient la marque Gitane. Marcel Brunelière était surnommé le Gitan par sa femme car il était toujours parti. Il lui aurait répondu qu’elle était sa Gitane. L’atelier fabriqua aussi des cyclomoteurs nommés « Gitan ».
Gitane fut encore le nom d’une équipe cycliste à laquelle Bernard Hinault participa en 1976.

Marcel Brunelière devant l’usine de Machecoul


Aujourd’hui, la Place de l’Église est devenue un lieu mémoriel avec la présence du Monument aux Morts des Guerres et l’Arbre de la Liberté planté pour le bicentenaire du 14 juillet 1789.

L’Arbre de la Liberté, lieu d’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris

 

Cérémonie du souvenir, le 11 novembre 2007


Il y règne également le souvenir de Mathilde Vignaud, dite Tatie. Elle vécut dans la grande maison du bas associée au magasin de tissus où elle travaillait. En 1941-1942, les prisonniers de guerre français originaires des colonies furent utilisés par l’armée allemande d’occupation. A Bouaine, ils aidèrent aux récoltes et à la pose du câble téléphonique souterrain

Rennes-Bordeaux. Traités de races inférieures, ils étaient malmenés et peu nourris. Tatie constitua un groupe de femmes qui cuisinait et leur apportait, en vélo, des repas en achetant les gardiens allemands. Mais des officiers vinrent sur le chantier.

Tatie fut arrêtée avec trois autres femmes. Elle fut la plus condamnée, 3 mois de prison à La Roche-sur-Yon, à une époque où la prison était l’antichambre de la déportation. Heureusement, un médecin certifia qu’elle était contagieuse, ce qui lui permit d’être libérée au bout d’un mois. Cependant, elle continua son engagement auprès des prisonniers africains et antillais en devenant leur marraine de guerre, leur envoyant courriers et colis.

Le dévouement, l’engagement, la détention en prison par les allemands ont donné à Mathilde Vignaud une autorité morale qui la fit intégrer le Comité de Libération communal en septembre 1944.

 

Au plus bas de la place, une ruelle mène à la rivière. Avant la construction du pont en 1839, elle était le passage par un gué entre les deux rives dans le bourg.


Les Quatre-routes

En longeant l’église vers l’Est, le carrefour dit des quatre-routes s’ouvre. Cet emplacement était autrefois le nœud des voies de communication. Hôtel, restaurant, cafés, épicerie, tabac, bureau de poste en témoignaient.

 

 

 

 

 

La circulation y était importante car le carrefour voyait passer le trafic entre Nantes et La Roche-sur-Yon. C’était aussi l’arrêt des autobus pour les ouvriers allant travailler à Nantes. Même le Tour de France l’a franchi, comme en 1962.

Appuyée aux murs du chœur de l’église s’élevait la chaire du publicateur. A la sortie de la grand-messe dominicale, la foule se pressait jusque sur la route pour écouter les annonces de la mairie. Cette chaire fut déplacée sur la Place de l’Église en 1921 pour permettre l’édification du Monument aux Morts de la Grande Guerre qui y demeura jusqu’en 1965.

Le publicateur aux Quatre-Routes

Publicateur à l’occasion de la vente aux enchères des dons offerts à la crèche, en 1980. Cet événement annuel se déroulait à la sortie de la grand-messe, sur la place de l’église, à la fin du mois de janvier.

 


La rue Saint Philbert

Le côté Nord de l’église est contourné par la voie qui conduit à Saint-Colomban, autrefois Saint-Colombin. En 1790, le petit cimetière qui faisait corps avec l’église fut vendu avec elle mais il n’a pas été remis en service avec le Concordat. Le cimetière suivant se situait dans l’actuelle Place des Halles. En 1871, constatant que le renouvellement des tombes était trop rapide (10 à 15 ans), la municipalité rechercha un terrain plus grand à l’extérieur de l’agglomération, le cimetière actuel.

Le Marché en 1899 Saint Philbert de Bouaine

La Place des Halles a été restructurée en 1998 pour ouvrir un passage avec la Place Verdon.

 

Ces lieux étaient très fréquentés au milieu du XIXème siècle, ce qui obligea le maire à prendre des dispositions  de police :

« Arrêtons :
Article 1er. Tout conducteur de diligence est tenu d’enrayer sa voiture pour parcourir les descentes du bourg de Saint-Philbert de Bouaine           .
Article 2. Il est défendu de conduire des voitures autrement qu’au pas ou tout au plus au petit trot dans l’intérieur du dit bourg.
Article 3. Il est enjoint au roulier, charretier et conducteur quelconque d’occuper un seul côté de la voie publique, de se tenir constamment à portée de leurs chevaux bêtes de trait…
Article 4. Il est expressément défendu de laisser divaguer ou de faire courir les chevaux bêtes de trait, de charge ou de monture dans le dit bourg…
En mairie de Saint-Philbert de Bouaine le 5 juin 1840
Approuvé par le Préfet le 9 juin 1840 »

 

« Arrêtons :
Article 1er. Il est défendu, dans l’intérêt de la moralité, de la propriété et de la décence, de faire ses besoins le long des murs de l’église, tout en laissant des ordures infectes. Cela devient un motif d’insalubrité et un effet d’inconvenance.
Article 2. Défense est faite de déposer des charrettes, des matériaux, soit touchant les murs de l’église, soit sur la place publique et sur les rues.
Article 3. Il est ordonné aux marchands ambulants qui vendent des denrées et autres marchandises de quelques natures qu’elles soient, de ne pas se placer aux approches et devant les portes de l’église afin de ne pas troubler les personnes qui se trouvent aux offices, ni gêner la circulation des allants et venants…
Fait en mairie de Saint-Philbert de Bouaine, le 13 octobre 1865. »

© Bouaine Patrimoine
Rédaction : Jean-Pierre Morisseau
Contributions : Nelly Durand, Michel Roy, Dominique Vignaud

 

 

 

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