Cette étape traverse le quartier des écoles, celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Elle commence par le « petit chemineau ». Il était très fréquenté car le ramassage scolaire par autocar ne fut mis en place qu’en 1961. Antérieurement, même les enfants habitant les hameaux les plus éloignés, jusqu’à sept kilomètres, venaient à l’école à pied.
Ce passage était un long couloir à ciel ouvert ; le côté gauche était constitué de l’arrière des classes de l’école catholique des filles. Aujourd’hui, c’est la Maison de Santé qui occupe les lieux. L’école maternelle créée au milieu des années 1950 et les préaux ont aussi disparu. Il ne demeure que le bâtiment de la résidence des Sœurs, enseignantes ou infirmière. En absence de médecin dans la commune, cette dernière y avait une salle de soins et circulait en cyclomoteur pour visiter les malades à leur domicile.
Au bout du « chemineau » se dresse la nouvelle école publique Jacques Golly. A gauche le chemin bordait la salle Baffreau avant de s’élever entre les vignes. Vous entrez dans l’ancien secteur festif né après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les deux bouchers philbertins entreprirent de construire chacun une salle de banquet principalement dédiée aux repas de noce. Après quatre années d’occupation par l’armée allemande et le retour des prisonniers, la soif de vivre s’empara des jeunes gens qui choisirent le mariage. Après l’engagement à la mairie puis à l’église, les mariés accueillaient leurs familles et amis dans une grange nettoyée à cet effet, ce qui constituait une importante préparation. Avec la nouvelle offre, la noce se réunissait, soit dans la salle Baffreau, soit dans la salle Guéry. Après vingt-cinq années, faute de rénovation, elles cessèrent les banquets de noce. La première est maintenant incluse dans l’école Jacques Golly ; sa restauration a ancré ce nouveau groupe scolaire dans l’histoire de la commune.
En faisant demi-tour, vous rejoignez la Rue du Bas-Ruet (prononcer Bas-Rouet).
Après avoir contourné la fontaine, si le côté droit de la rue a peu changé, le côté gauche a été totalement bouleversé. Avant le restaurant scolaire actuel, le lieu appartenait à un marchand de grains et engrais, Clément Dronet. Il y possédait de nombreux bâtiments de stockage avec des quais de chargement et un silo à blé.
Un charpentier y avait également son entreprise, avec un atelier et une zone de stockage de grumes. Les déchets de sciage, principalement les écorces, servaient de combustible dans les poêles de l’école voisine.
En poussant votre marche, vous atteignez l’école catholique Saint-Jean-Baptiste qui était antérieurement l’école catholique des garçons. L’ancien bâtiment des classes et les locaux d’habitation demeurent. Joseph Auneau, président des Anciens Combattants de la Première Guerre Mondiale, en fut le directeur et occupa la maison. Son gendre, Guy Bugeau assura sa suite.
Il y a un siècle, en son enceinte, les enfants entraient dans un autre monde, différent de celui de leur famille, avec une autre langue. La langue vernaculaire, le parler de Bouaine, avait pour base le dialecte poitevin, partagé dans toute la Vendée et le Sud-Loire, possédant de nombreuses passerelles avec le gallo pratiqué dans la moitié Est de la Bretagne. Avec son vocabulaire partiellement issu de l’ancien français, une conjugaison spécifique, ce langage commun s’arrêtait à la porte de l’école pour laisser toute la place au français académique. « Le fait la marienne jusqu’au mitan de la réssiée » devenait « Il fait la sieste jusqu’au milieu de l’après-midi ».
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Au début du vingtième siècle, les enfants allaient à l’école de 6 à 13 ans. Dès la fin de leur scolarité, ils commençaient à travailler. Ceux dont les parents étaient « domestiques » étaient placés dans des fermes où ils gardaient les vaches en contrepartie du gîte et du couvert. En 1936, l’instruction obligatoire fut portée à 14 ans. A l’exception des familles de notables, garçons et filles entraient ensuite dans la vie active, soit au service de leurs parents, soit chez un employeur. A partir de 1960, l’âge légal de fin d’études passa à 16 ans. La plupart des enfants quittaient l’école primaire après le certificat d’études, à 14 ans, et continuaient avec une formation professionnelle par alternance en Maison Familiale Rurale ou avec des cours de préparation au C.A.P. « Certificat d’Aptitude Professionnelle ». L’ouverture d’un collège à Rocheservière, à la rentrée de 1960, changea la situation car il permit à des élèves d’accéder aux études secondaires (environ 15%). Nommé « Cours complémentaire », deux classes de sixième accueillirent les enfants dans les écoles primaires de Rocheservière, l’une chez les filles et l’autre chez les garçons. C’est seulement à la rentrée de 1962 que de nouveaux bâtiments créèrent un collège unique avec des classes mixtes.
Il faudra encore attendre plus d’une dizaine d’années pour que la mixité soit instaurée dans les écoles primaires.
La cour de récréation recevait un reposoir à chaque Fête-Dieu. Des artistes coloraient la sciure pour tracer un long tapis de différents motifs foulé exclusivement par le prêtre portant l’ostensoir à l’ombre du dais.
Le terrain voisin était aménagé en terrain de basket. Les équipes philbertines devinrent Championne de Vendée cadet et Championne de Vendée junior, au début des années 1960.
Là s’arrêtait le bourg.
© Bouaine Patrimoine
Rédaction : J-Pierre Morisseau
Contributions : Marcel Bonhomme, Nelly Durand